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Réflexion sur le rationnement énergétique : une voie vers l’égalité et la préservation de l’environnement

Publié le: 19/03/2024

Pour illustrer cette réflexion, nous avons choisi cet extrait de la revue « Secouez-vous les idées » du CESEP[1], dans lequel Paul Hermant rencontre Véronique van der Plancke, conseillère juridique à la Fédération des Services Sociaux (FdSS).

 

« Paul Hermant : Parlons du rationnement de l’énergie qui est une mesure qui, selon la chercheuse Mathilde Szuba par exemple, se ferait au bénéfice des plus précarisés. Le rationnement suppose qu’il faille faire un choix entre plusieurs usages. Et donc d’arbitrer entre plusieurs usages de la liberté de circuler, de se chauffer, etc…

Véronique van der Plancke : « Mathilde Szuba défend une politique indispensable de rationnement, en matière d’énergie. Le rationnement s’impose d’urgence à nous au regard des limites planétaires, se concrétisant soit en l’épuisement des ressources (ex. asséchement des nappes phréatiques), soit en dérèglements climatiques et environnementaux graves (ex. : il faut limiter au maximum l’usage du charbon pour son potentiel destructeur, plus que pour la pénurie des ressources en charbon que nous n’avons pas encore atteinte…). La particularité du rationnement est qu’il consiste en une politique de réduction collective et partagée des ressources – une vraie redistribution donc -, ou autrement dit en des efforts d’auto-limitation et de coordination de ces efforts. En l’absence d’une telle politique, ce sont les « forts/riches » qui captent toujours les rations, et les pauvres qui en sont privés (notamment parce que devenues rares, les rations sont trop chères). On peut imaginer donc un nombre limité de voyages aériens par personne sur une vie, un nombre maximal de véhicules en circulation, un moratoire sur la construction de piscines privatives, … le tout compensé par des dispositifs communs et accessibles (parc de véhicules partagés, réouverture de gares et de piscines communales, …). Bien entendu, l’acceptation sociale de ce nouveau niveau de contrainte dépendra de la légitimité de l’État qui les impose. Les États engagés sur cette voie « interventionniste » devront être irréprochables dans leur bonne gouvernance et donner l’exemple. »[2]

 

 

[1] « Secouez-vous les idées » est la revue du CESEP, un Centre Socialiste d’Education Permanente.
Cette association travaille à aider les citoyen·ne·s à comprendre leur place dans la société et à penser de manière critique.
Leur objectif est de donner à la population les outils nécessaires pour s’impliquer dans la vie de la communauté, que ce soit sur le plan social, culturel, politique ou économique.

[2] https://secouezvouslesidees.cesep.be/pdf/secouez-vous_les_idees_127.pdf : pp. 16 et 17