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« Don’t pay », « Trop is te veel », … Des nouveaux mouvements citoyens mobilisés autour du prix de l’énergie

Publié le: 15/11/2022

Cela n’aura échappé à personne, et particulièrement pas aux travailleurs de première ligne, la hausse vertigineuse des prix de l’énergie se fait ressentir chez de nombreux ménages.

Il y a encore deux ans, la précarité énergétique –  bien que touchant déjà un ménage bruxellois sur quatre – peinait à mobiliser en dehors des personnes directement concernées par la problématique. La pandémie et la crise des prix ont, depuis lors, propulsé la thématique au cœur du débat public, politique et médiatique. Face à l’ampleur des factures, des citoyens se mobilisent pour dénoncer le système énergétique en place et revendiquer certaines modifications profondes.

Nous nous faisons ici le relais d’au moins deux de ces mouvements qui portent des revendications que nous soutenons. Nous en profitons néanmoins pour attirer votre attention sur certains risques ou zones d’ombre que nous identifions dans ces initiatives intéressantes.

Le mouvement « Don’t pay – Belgique »

Inspirés de l’initiative « Don’t pay UK » (au Royaume-Uni), des citoyens des trois régions se rassemblent autour d’un message confrontant : « on ne paiera pas ! ». C’est la part déraisonnable de la facture qui est ici visée par le mouvement : une invitation collective à contester l’explosion spectaculaire des prix, appauvrissant les citoyens au profit des producteurs. Les revendications ne sont toutefois pas un encouragement à décider seul de ne pas payer ses factures d’énergie : cela mettrait inévitablement les ménages dans d’énormes difficultés (frais de recouvrement à payer, risque éventuel de coupure, etc.), ce que nous ne pourrions en aucun cas cautionner.

Sur le site https://www.dont-pay.be , on peut ainsi lire : « Notre but n’est pas de pousser les personnes à ne pas payer et ainsi se mettre en danger, mais de nous organiser pour nous défendre collectivement face à ces factures impayables et injustifiables. En réalité, des milliers de personnes ne savent déjà plus payer et doivent faire face de manière isolée aux conséquences que cela implique (frais, procès, huissiers, surendettement, compteurs à budgets et/ou limiteurs, etc.). Pour mettre fin à ces humiliations, nous avons besoin de nous défendre ensemble ! ». 

Le mouvement propose de rendre visible la proportion des personnes qui ne peuvent plus payer leur facture ou qui estiment que celles-ci sont disproportionnées, en les comptabilisant sur la base de leur déclaration. Vous trouverez ce compteur en page d’accueil du site (ainsi que la possibilité de se déclarer en incapacité de payer sa facture, en laissant ses coordonnées via un formulaire).

Les revendications plus générales du mouvement sont de baisser le prix de l’énergie pour des factures abordables et de sortir le secteur de l’énergie des marchés privés, en rappelant que le problème des factures d’énergie est collectif et non pas individuel.

Bien que nous soutenions les revendications de ce mouvement, il nous semble important de souligner que nous n’encourageons personne à ne pas payer ses factures. Les risques auxquels s’exposent les ménages qui refuseraient de payer leurs factures nous semblent disproportionnés (recouvrement, alourdissement de la dette et, in fine, risque de coupure). Pour les ménages qui sont en incapacité de payer leurs factures, certaines aides existent et peuvent être activées. En savoir plus.

Le mouvement « Trop is te veel »

Plus récemment, le mouvement « Trop is te veel » a fait son apparition par voie de communiqué de presse. Selon le site du mouvement, « Trop is te veel est un collectif qui veut combattre la crise actuelle et transformer la colère en action. Ce collectif est initié par des personnes du monde syndical, associatif, artistique et de l’entreprise. Nous en avons marre que le gouvernement n’ait pas apporté de réponse suffisante alors que des multinationales font des bénéfices record sur notre dos. C’est à nous de prendre notre sort en main pour imposer des changements structurels. Et cela commence par activer nos collègues, nos familles, nos amis. Dans nos entreprises, nos associations et nos quartiers ».

Les revendications du collectif sont les suivantes :

  • Écraser les prix de l’énergie
  • Taxer sur les surprofits
  • Reprendre en main le secteur de l’énergie
  • Avoir droit à des loyers et logements décents
  • Taxer les superriches

Le mouvement appelle également à la mobilisation pour une manifestation le 4 décembre 2022.

L’énergie enfin au cœur des débats

Les propositions de fond de ces deux mouvements sont finalement relativement similaires, même si leur angle d’attaque diffère. Nous soutenons ces revendications qui sont depuis longtemps au cœur de notre travail de plaidoyer. Il est salutaire que les débats sur notre système énergétique puissent enfin émerger dans le débat public.

Le Centre d’Appui SocialEnergie sera attentif, dans les semaines à venir, à coopérer avec ces mouvements lorsqu’ils en font la demande tout en leur laissant la place militante qui leur appartient d’occuper. Nous sommes en effet convaincus que c’est en combinant les expertises et les mobilisations que pourront se concrétiser les alternatives au système que nous dénonçons tous à notre manière.